Le château de Vers |
Comme tous les petits châteaux du Moyen-âge, il s'agissait sûrement, d'un châtelet, c'est à dire un ouvrage de défense bâti à la tête d'un pont, à cheval sur une route ou à l'entrée d'un défilé. Il ne possédait pas, comme le château, de bâtiments d'habitation ou de plaisance: le châtelet n'était pas une résidence seigneuriale, c'était un fort habité par un capitaine et des hommes d'armes. C'est donc sa destination et non l'importance de sa construction et de sa force qui en fait un diminutif de château.
Mais où était-il construit?
Il est dit , dans un écrit de 1369, que le château de Vers était très fortifié, au bord du Lot et tout entouré d'eau. Il ne pouvait donc que se situer au confluent du Vers et du Lot, sur la riche gauche du Vers. En effet, pour être entièrement entouré d'eau, il fallait que fût creusé un canal, forcément à l'est du ruisseau (les falaises à l'ouest tombant directement dans le Vers), prenant naissance à l'actuelle place du Monument aux Morts, pour rejoindre le Lot à l'emplacement actuel du Communal. Le sol de l'île ainsi constituée est formé de roche suffisamment dure pour accepter la charge de la construction.
Nous avons dit que cette construction devait être un châtelet (construction, qui, rappelons-le ne servait qu'à des fins militaires et non de logement pour un quelconque seigneur). On pourrait admettre qu'il se trouvait, d'après sa fonction, à cheval sur la seule route traversant Vers, qui, de Cahors, passait par Savanac, le Cailat, Vers, Pech Picou, Trégantou… Mais compte tenu de l'exiguïté des lieux, le château devait avoir des dimensions assez réduites (environ 60 mètres de long sur 40 de large) ; aussi pensons-nous que cette route passait en amont, franchissait le Vers par un petit pont facilement surveillé et contrôlé à partir du château.
L'architecture de ce château est, peut-être, plus facile à imaginer. En effet, la plupart de ces constructions étaient bâties sur le même plan : une muraille circonscrite épaisse bâtie en pierre taillée et convenablement maçonnée à l'aide de mortier de ciment ou constituée par deux murs, moins épais, dont l'espace était rempli par de la pierraille et de la terre. La partie supérieure de cette muraille servait donc de courtine protégée extérieurement par un mur crénelé et équipée, parfois de mâchicoulis.
Un certain nombre de tours interrompait la muraille, en la consolidant. Elles permettaient de supprimer les angles morts et de servir de place de guet ;elles étaient munies de créneaux et de mâchicoulis.
Mais quel était le nombre de ces tours ?
On peut penser qu'il y avait trois tours. En effet, c'est le nombre que l'on peut voir sur le blason du village de Vers et sur un blason des seigneurs de Vers durant, au moins, la première moitié de la guerre de Cent Ans, les de Vassal. Or, si les deux blasons représentent un château à trois tours, celles du village sont identiques, sans toiture, alors que celle des de Vassal sont différentes : deux tours crénelées, sans toiture, encadrant une tour couverte. C'est cette dernière configuration que nous avons retenue pour imaginer l'architecture du château, nous basant sur le fait que le blason des seigneurs est plus ancien que celui du village.
Les tours servaient de logement pour le capitaine et les soldats, de réserves pour la nourriture, le butin et les munitions tels que flèches, pierre, huile, madriers…
La tour centrale était percée d'un ouverture permettant l'accès à l'intérieur du château ; elle était protégée par une solide porte, une herse et un pont-levis. L'accès aux différents étages se faisait soit par des escaliers de pierre, soit par des échelles, extérieures ou intérieures (les échelles ayant l'avantage d'être facilement escamotables).
La vie dans le château
An 1359
Les batailles faisaient rage entre les Anglais, aidés par de seigneurs redoutables tels que Jean de Gourdon, Benoît de Jean, et le capitaine Aymar d’Uchel, et les troupes françaises. Le sénéchal de Quercy Géraud de Jauline, arriva à Cahors au début de juillet 1359. Presque aussitôt arrivé, il se rendit, à la tête de sa compagnie, à Vers dont le château était tenu par le capitaine Le Bord de Joly, lequel avait reçu une lettre des consuls de Cahors lui demandant d’obéir aux ordres du sénéchal dans l’expédition qu’il projetait de faire. Le sénéchal ne put diriger lui-même cette expédition car les consuls de Cahors, constatant le 19 juillet, un grand rassemblement d ennemis devant Cahors, lui demandèrent de rentrer rapidement pour défendre la ville. C’est donc le capitaine de Vers, avec ses troupes renforcées par un corps d’arbalétriers envoyé par les consuls de Cahors, qui dirigea l’attaque du château de Cours, occupé par les anglais. Hélas, cette expédition ne réussit pas !
En décembre 1359, sur les conseils du comte de Périgord, de passage à Cahors, les consuls de Cahors, écrivirent aux habitants de Vers, entre autres, pour leur ordonner de faire bonne garde.
An 1369
Début 1369, le vicomte de Carmaing (nommé capitaine du Quercy le 26 mars 1370) et Marquès de Cardaillac tenaient des troupes à Brouelles, Roussillon, Valroufié et à Vers pour repousser les anglais de Cras, Murcens et Saint-Martin dans les courses qu’ils auraient pu tenter aux environs de Cahors.
La ville de Vers eut beaucoup à souffrir des incursions des anglais de Frayssinet et si elle put résister, elle le dut à la garnison de son château, lequel, situé au bord du Lot et entouré d’un grand fossé rempli d’eau, était très fortifié.
An 1372
Aymar d’Uchel, ce capitaine pro-anglais, avait conclu une trêve avec les consuls de Cahors. Or, celle-ci se terminait et il envisageait d’entreprendre une course 19 décembre 1372. Les consuls de Cahors écrivirent aux capitaine de Vers et Cieurac de se tenir en garde contre cet ennemi dangereux qui projetait de les attaquer avec des forces nombreuses.
An 1374
Au mois d’août 1374, les consuls de Cahors, avec les troupes du voisinage, assiégèrent les châteaux de Cours, Vers et Galessie dont les anglais s’étaient rendus maître par surprise. Après les avoir investis, les consuls décidèrent de les démolir pour enlever ces lieux de refuge aux pillards anglais. En fait, il devait s’agir de retirer au château de Vers ses moyens de défense tels que tours, pont-levis…, car ce château sera radicalement démoli sous le règne de Louis XI (1423-1483).
Armoiries des De Vassal