Les ouvrages
L’aqueduc, pour limiter l’importance des ouvrages d’art, s’est imposé de nombreux détours dans les vallons affluents qui constituaient autant d’obstacles. Dans la vallée de Nouailhac, par exemple, ce détour atteint 5 km, à la recherche du point le plus resserré pour effectuer la traversée. Il limitera ainsi de façon très significative l’importance qu’aurait eu le pont au niveau de l’embouchure du Lot. Le cumul de tous ces détours doublera la distance qui reliait, à vol d’oiseau, le captage de Cahors.
Au nombre d’une vingtaine (supposées) et pour un développement total de 900 m, les sections de l’aqueduc en aérien affectaient diverses mises en œuvre selon la nature, la hauteur et la distance de l’obstacle à franchir. Les murs porteurs ont eu la préférence en raison de leur relative simplicité de conception, par opposition aux ponts à arcades. C’est pour opérer le franchissement du vallon de Laroque qu’un ouvrage de ce type, le plus important de la ligne, a du être réalisé. C’est d’ailleurs à cet ouvrage que la commune doit son nom, attesté en cela par le Thésaurus Cadurcensis qui désigne la paroisse depuis au moins 1317, sous le nom de Rupes Arcuum que l’on peut traduire littéralement par « les arcades du rocher ». Le toponyme Los Pilous (Les Piles), est évoqué en 1370 et 1431 par les consuls de Cahors à l’occasion des destructions ordonnées par eux. D’après la topographie actuelle, nous pouvons évaluer un pont culminant au dessus du village à une hauteur avoisinant 29 m sur une longueur de 233 m. A la différence du célèbre Pont du Gard de l’aqueduc de Nîmes, haut de 49 m, l’ouvrage de Laroque, d’une hauteur moindre devait se limiter à seulement un ou deux rangs d’arcades.
Le siphon semble n’avoir jamais été utilisé pour cet aqueduc. D’exécution complexe et onéreuse par l’emploi des tuyaux de plomb, ce système demande en outre un entretien constant. De plus, il est probable que l’importante teneur en calcaire des eaux captées n’autorisait pas l’emploi de ce procédé.
Ces ouvrages d’art, fragiles par définition, sont pour la plupart entièrement détruits ; parfois, aucun vestige apparent ne vient confirmer leur existence passée. Bien sur, l’absence d’entretien pendant un millénaire et demi, ainsi que l’érosion et les chutes (accidentelles) de rocher ont contribué à sa ruine. Toutefois, la cause principale doit être imputée à l’homme qui, de tout temps, s’est servi des matériaux de construction à bon compte. La preuve la plus évidente qui soit est la relative bonne conservation des vestiges dans les lieux éloignés ou difficiles d’accès des hameaux ou villages.
Ainsi, pour traverser la vallée de la Rauze, un pont aqueduc à contreforts, long de 80 m pour une hauteur de 12,50 m a été nécessaire. Cet ouvrage s'est en partie effondré en cours d'utilisation ce qui a nécessité l'édification d'un important mur englobant les contreforts du premier état. (données DRAC 2003.)
Le Mur du Diable: Après avoir opéré un détour de 150 m dans un talweg, l'aqueduc va franchir une dépression afin de retrouver la vallée du Vers. Édifié sur un développement de 80 m en affectant une courbe en forme de fer à cheval, le mur porteur conserve 7 m de hauteur pour 13m à l'origine. À une profondeur de 3,70 m on trouve le niveau aménagé de dalles calcaires destiné à l'écoulement du ruisseau. Sur ces dernières reposent les maçonneries de l'arcade, présentant des culées espacées de 2,80 m. La mise en œuvre de grand appareil de tuf (0,68 m x2 m) dans ses parties basses ainsi que les traces d'un travail à la scie, constituent une nouveauté en ce qui concerne les techniques de construction. Une équipe spécialisée est donc intervenue pour assurer l'édification de cette arcade et mettre en place des blocs d'un mètre cube, pour un poids d'environ une tonne et demie, à l'aide d'un outillage spécifique, notamment un engin de levage révélé par des empreintes. Un effondrement partiel qui a affecté l'arcade a été résolu par une reconstruction et un renfort important, épais de 2,50m pour une largeur au moins égale
A la suite du passage en encorbellement du moulin de Raffy (Vers), un mur aveugle long de 25 m supporte le canal à une hauteur de 4 m. L’originalité de cette structure très bien conservée réside sur son triple parement superposé, qui atteste des renforts réalisés à deux reprises, ultérieurement à la mise en eau. A un mètre du sol actuel, et selon un alignement horizontal, huit trous de boulins demeurés ouverts qui témoignent de l’échafaudage sont espacés de 1 à 1,60 m.
Au-dessus du village de Vers, l’aqueduc culmine à une hauteur de 9 m sur une distance de 27 m, encore supportée par un mur plein adossé à la falaise. Un ressaut de maçonnerie, actuellement à peine perceptible, semble indiquer la présence d’un contrefort, sans doute nécessaire pour conforter une élévation aussi importante. Ces murs porteurs qui ne sont percés d’arcades que pour l’écoulement de cours d’eau ou pour laisser un passage aux ravines ne sont plus conservés qu’à trois exemplaires.
A peu de distance du dernier mur évoqué, une petite grotte humide se trouve obturée par un ponceau muni de deux arcades. Le pilier central a un fort jambage d’une section à la base de 3,30 m ; il ménage des ouvertures d’arcades larges de 1,20 m et hautes de 3 m. Le tracé de l'aqueduc est bien visible du pont de Béars sur le Lot.
Dans le revers de la colline en contre haut du hameau des Tuileries, une arche d’un développement de 2,40 m et large de 1,60 m supporte le canal au dessus d’un gouffre actuellement remblayé.
Les techniques de construction sont typiques de l’époque romaine. Le blocage, outre de très rares tuiles de récupération, est constitué de pierres grossièrement équarries disposées à plat ou de chant, légèrement inclinées à gauche et à droite en autant d’assises alternées avec des lits de mortier. Le parement de moellon en petit ou moyen appareil est irrégulier et simplement dégrossi.