Les passages en galerie
Tout au long des 33 kms, l'aqueduc doit se frayer un chemin au milieu du massif calcaire de notre région et traverser plusieurs vallées. Parmi les plus spectaculaires vestiges conservés, les sections taillées dans le rocher ont nécessité un travail considérable, que traduit bien le qualificatif de « travail de romain ». Les deux tiers du parcours, depuis le captage jusqu’à Savanac sont en majeure partie taillés dans le rocher. Ensuite, l’altitude qui s’infléchit l’amène à la rencontre des terrasses alluviales du Lot, où nous le retrouvons enfoui depuis sa mise en service, dans un conduit maçonné et voûté. Ces sections bâties sont peu connues et seulement révélées par la prospection aérienne ou des découvertes accidentelles liées à des travaux d’aménagement. Ce sont pourtant les mieux conservées grâce à leur protection naturelle, et les seules qui n’ont pas subi de récupération de matériaux au cours des âges.
Les passages en falaise ne sont pas un choix mais bien une nécessité dans notre région au relief accidenté. Les vestiges les plus éloquents sont situés dans les communes de Cours et Vers et figurent, pour ces dernières, sur la liste de l’inventaire des Monuments Historiques. Ainsi, au hameau de La Salle, un tunnel est taillé dans la roche dure sur une longueur de 16 m. Face au Moulin de Raffy, s’offre le panorama remarquable de l’aqueduc formant une galerie en encorbellement qui contourne une avancée rocheuse, dominant le ruisseau de 50 m .
Au-dessus du village de Vers, après un petit passage en encorbellement une entaille, profonde de près de 10 m, sectionne de part en part la partie supérieure de la falaise.
Cette entaille est suivie par le passage de l'aqueduc sur un mur porteur de plusieurs mètres de haut.
Au delà du hameau du Cuzoul, d’autres galeries ouvertes sont ménagées de la même façon sur des distances de plusieurs dizaines de mètres. Le tunnel de Cours est le seul exemple connu ; partout ailleurs, il a été réalisé des tranchées ouvertes. Ce choix qui est l’une des particularité de l’aqueduc de Cahors peut s’expliquer par la présence de diaclases, rendant difficiles et dangereux la réalisation de tunnels.
D’une hauteur sous voûte moyenne de 1,60 m, l’aqueduc affecte un profil en coupe trapézoïdal, étroit à sa base de 0,20 m et s’élargissant sous la voûte jusqu’à 0,80 m. Ces dimensions générales traduisent les deux réalités suivantes. Révélée par les dépôts calcaires sur une hauteur de 0,50 m, la section en eau (specus), outre la pente de 1,37 m/km, bénéficiait d’une vitesse d’écoulement accrue grâce à ce profil étroit qui entraînait le reste de la masse des eaux.
Pour favoriser l’écoulement, éviter les déperditions et l’accumulation des dépôts carbonatés, un enduit de mortier hydraulique tapissait la dalle d’écoulement. La hauteur sous voûte restante (1,10 m en moyenne) trouvait son utilité lors des détartrages et autres réparations, permettant ainsi au personnel d’entretien d’accéder au cœur de la conduite. Ce gain de hauteur permettait également d’absorber un sur-débit accidentel sans porter atteinte à la voûte, l’élément le plus fragile de la construction.
Sur la majeure partie du parcours, l’aqueduc a actuellement perdu sa couverture. Celle-ci était destinée à la protection de l’eau contre les chutes de pierre, de feuilles et à limiter l’évaporation en saison chaude. Le seul indice qui en demeure souvent est son ancrage matérialisé par une double saignée parallèle et continue pratiquée dans la roche, à une hauteur moyenne de 1,50 m. Composée d’éléments calcaires choisis sur le modèle des lauzes, avec parfois du tuf pris dans le ruisseau pour la clef de voûte ; ce type de couverture, toujours lié au mortier, est similaire tant dans les passages en falaise qu’en pleine terre.